Folk・lore
Nos terres sont riches et multiples, et sans parler d’ancêtres au sens classique, il peut exister de nombreuses lignées spirituelles. Parce que des esprits ont foulé ces terres, parce que des alliances et des savoirs y ont été échangés. Il en est de même pour la féerie, pour nos folklores. Et ça, le territoire nous le rappelle constamment, il suffit de l’écouter chuchoter.
Cela fait un peu plus d’un an que j’ai décidé d’explorer ma région. Si je prends un rayon d’une trentaine ou plus de minutes autour de chez moi, je peux déjà lister :
une fontaine rouge
un ruisseau nommé Noire Fontaine
une source bleue
des villes dont l’étymologie renvoie aux collines (colline brillante, colline allongée, etc.)
d’autres dont les noms font référence à des dieux et déesses gaulois.e.s
une pierre levée qui fait le lien entre le Néolithique et la féerie de l’Autre Monde
des grottes aux fées (où ont été trouvées des sépultures préhistoriques, au passage)
des légendes de vouivre, de femmes-fées qui habitent les rivières… et tellement plus encore.
En fait, ma question est celle-ci : que se passe-t-til quand on écoute le territoire parler ?
Quand on l’observe avec la qualité de transparence du verre, sans occulter une partie ou une autre ?
Que vous murmurent vos terres ?
le territoire parle…
Le menhir de Simande-sur-Suran
Ain
Un folklore de Simandre sur Suran nous raconte que, dans un champ, à la sortie du village, en un lieu nommé « Aux Pierres Fiches » ou « Pierres Plantées », se dresse un impressionnant mégalithe, connu sous le nom de « Pierre Fiche », mais aussi sous l’appellation locale de « la Quenouille de la Fau ».
La pierre proviendrait d’une carrière située à proximité du village de Thioles (anciennement Thiola), aujourd’hui rattaché à la commune de Simandre-sur-Suran. Selon la tradition, son origine serait liée à la présence de fées, appelées ici les « fau ».
Les anciens du village aiment raconter que, jadis, trois fées, se rendant à une veillée et empruntant le chemin reliant Blanchin (un ancien hameau) à Thioles, s’arrêtèrent dans un champ. Elles y plantèrent dans le sol leurs quenouilles en roseau qui, aussitôt, se transformèrent en menhirs.
Communément, les pierres étaient au coeur des célébrations des sociétés, des rituels, des passages, visibles et invisibles ; elles faisaient et font le pont avec les mythes et les folklores qui émanent du territoire et les étoiles, et elles sont aujourd’hui les gardiennes de toutes ces mémoires, de tous ces instants, de ceux qui étaient là avant nous. Sur notre territoire, elles sont la cartographie de tout cet écosystème de pensé et croyances.
Source : les mystères de l’Ain, Alain Lequien
Le rêve - Maen du yr Arddu
Pays de Galles
Un folklore du Pays de Galles nous dit : « Dans un lieu rocailleux, appelé Yr Arddu, […], à la montée de la colline de Snowdon, se trouve une très grosse pierre instable, appelée Maen du yr Arddu, c'est-à-dire la Pierre noire d'Arddu ; au sommet de celle-ci se trouve une autre pierre plus petite, comme si elle avait été déposée la.
On raconte que si deux personnes dormaient une nuit au sommet de cette pierre, le matin, l'une se découvrirait dotée du don de poésie, et l'autre deviendrait folle.
On affirme ainsi que, deux hommes, l'un appelé Huwcyn Sion y Canu, et l'autre Huw Belissa, convinrent de dormir à son sommet une nuit d'été : le matin, l'un se trouva inspiré par la muse céleste, et l'autre fut complètement privé de ses sens. »
Au passage, le nom d’un des hommes « y canu », signifie « le chanteur » en gallois.
Que ce soit des lieux comme Cader Idris ou Yr Arddu (où se trouve un lac, le Llyn Du Yr Arddu, c’est-à-dire « le lac noir d’Arddu »), ce sont des endroits associés aux Tylwyth Teg, le peuple féerique gallois.
Très souvent, dans ces récits, l’inspiration touche les poètes ou les musiciens. Une figure très connue, par exemple, est celle du harpiste irlandais aveugle Turlough O’Carolan, qui aurait reçu un don des fées.
J’aimerais souligner cette idée : celle de la poésie, de la musique, et du fait que les songes — ainsi que l’espace liminal offert par le sommeil — ouvrent un espace propice à l’inspiration. Et pour cause : les rêves sont un langage symbolique. Ils sont faits d’ambiances, de couleurs, de sons venus de l’Autre Monde ; un peu comme si l’on capturait, pour un court instant, l’essence des autres royaumes.
Source : Folk-lore and folk-stories of Wales, Marie Trevelyan
drawing the land
Castell Dinas Brân
Pays de Galles
le Palais
Passeras-tu la porte,
Celle où un corbeau veille sur mon domaine?
Derrière les pierres usées par le temps,
Tu trouveras mon palais scintillant,
Où un banquet royal t’attend.
Croqueras-tu dans la pomme ?
Franchiras-tu la limite ?
Attention alors aux yeux ardents,
L’Autre Monde scrute chacun de tes mouvements.
Sois certain avant de franchir mes barrières,
N’oublies pas tes promesses portées par les vents.
Car au-delà des épines et des crocs acérés,
Se trouvent mes plus beaux trésors aux reflets d’argent.
Wistman's Wood
Angleterre
the Old wise tree
I Am as old as the wind,
And my will is sharp as a thorn.
I carry within me all the memories
Of those who came before me.
Fragments of my kin and of my Land.
I am Life and Death,
The Beginning and the End,
In a perfect circle.
Wisdom from ancient times flows under my bark,
Whilst my branches dances with the wind,
Like newborns discovering the playfullness of the sky.
At night, I converse with the stars,
Beautiful jewels that bring tears to my eyes.
Some are very old friends,
I’ve been listening to their songs for thousands of years...
One day my eyes will be forever closed
And my roots shall be dry.
Yet a part of me will continue to exist,
Through the seed of a young Oak tree.
For we are an infinite line of memories of the soil and the sky.
Bryn Cader Faner
Pays de Galles
the Faery King
And here I rest,
beneath my Crown,
waiting, in my forgotten kingdom.
I still carry my sword
that holds past pledges.
What happened to these oaths now ?
So, I’m waiting
for the memories to bloom,
for the eyes to see the stars again.
Remember.